AYUDDHA YOGA


 


L'Ayuddha-Yoga ou Yoga Structural

 

Mon Maître Sw. Saranika Yogi (Thierry Boulanger) qui est à l'origine de l'Ayuddha Yoga, explique dans cet article la genèse de l'Ayuddha yoga qu'il a crée  :

 

 40 ans de pratique dans l’univers du yoga, m’ont peu à peu amené à développer une discipline plus personnelle. Auprès de moult ‘’maitre en cet art’’, tout un cheminement m’a tantôt permis d’aller chercher des pépites sur cette voie, mais aussi une multitude d’ersatz de yoga, ce qui hélas est plus généralement le cas. Mais qu’à cela ne tienne, tout chercheur sérieux et endurant fini peu à peu par trouver son chemin.

 

Depuis 1979, d'abord, par la pratique du Haṭha Yoga proposé par la FFHY - Fédération Française de Haṭha Yoga- Paris dirigé Sri Mahesh Ghatradyal qui créa en 1959 le CRCFI (Centre de Relations Culturelles Franco-Indien), j’ai eu l’occasion d’enseigner cet art. Dès mes débuts, le yoga fut une passion et je n’ai pas hésité longtemps pour rejoindre Swami Satchidananda Yogi de Madras (aujourd’hui Chennai) qui me semblait offrir un travail plus traditionnel. C'est grâce à ce Swami que commence alors un voyage vers de multiples rencontres, tant en Inde, qu’ailleurs plus tard, lequel débouchera vers ce qui adviendra l'Ayuddha-Yoga.

 

Autant que faire ce peut, en essayant de pratiquer un yoga au plus près de la tradition, des brèches se sont ouvertes qui m’offraient de saisir certains secrets tant dans la pratique que dans les textes, où lire entre les lignes devient un obligé. Par exemple : la racine verbal AS du mot āsana généralement traduit par posture, laquelle sous-entend une figure de gymnastique posturale, et une vision étroite. AS- qui signifie Etre, Exister comme aussi s’Asseoir. Āsana traduit donc certes, une assise ; mais une assise (une position) existentielle, ce qui n’est pas tout à fait la même chose qu’une assise physique.

 

Ce sont ces petits décalages qui ont progressivement élaboré une philosophie auquel je donne le nom d’Ayuddha. En sanskrit le mot darśana – vision – traduit un point de vue et ce mot peut parfaitement signifier philosophie. ‘‘Oser regarder autrement’’ est le B-A BA de l’Ayuddha. Aller voir là, où on ne regarde jamais, et surtout expérimenter, faire sien.

 

J’ai longtemps travaillé le Haṭha yoga suffisamment pour réaliser que posturalement parlant, toute la gymnastique posturale (le travail des āsana) que l’on trouve sous différents préfixes : aṣṭāṅga, rājā, kriyā, vini, etc. reste et demeure la posturale propre au Haṭha yoga. Le préfixe n’est au final rien de plus qu’une approche philosophique (un darśana) qu’on annexe aux assises. Mon passage chez Satchitananda Yogi, B.K.S. Iyengar, T.K.V. Desikachar et d’autres encore on finit de me convaincre de ce fait.

 

Grâce à un laisser-passer de Sw Satchitananda Yogi qui ne pouvait me garder près de lui en son école – āśram, où un temps je m’étais installé, j’ai pu voyager à travers l’Inde d’āśram en āśram à la rencontre de maître que je n’aurais jamais pu rencontrer autrement. Cela m’a emmené à rencontrer CELLE qui sera mon Maître pour me faire découvrir que bien que doublement professeur, du yoga je n’en avais pas saisi grand-chose. C’est Elle qui m’a appris à lire entre les lignes. Elle qui a révolutionnée ma posturale.

 

Ayuddha n’est pas le yoga de Mataji (une mère en Inde) – (désirant rester dans l’anonymat, je ne dirais rien de plus la concernant). Elle appelait le yoga, le Yoga et faisait en souriant fi des préfixes. Aujourd’hui, je me surprends à faire la même chose. J’en profite juste pour la remercier de sa Patience, de son Amour et de l’enseignement dont j’ai pu jouir durant tant d’années. Ayuddha du lieu du Yoga est également un préfixe. Toutefois, la partie ‘‘Yoga’’ n’est qu’un élément de l’Ayuddha en tant que philosophie.

 

L’Ayuddha en tant que darśana (point de vue) va dans le sens d’une transmutation de la personne, c’est pourquoi j’ai coutume de dire que cette pratique et plus une Alchimie qu’une Philosophie. Mataji avait coutume de me dire qu’un véritable yoga devait littéralement nous ébranler jusqu’au plus profond de notre être. C’est pleinement ma conviction ! Je pense qu’un Vrai Yoga (ce qui semble particulièrement rare, au vu de l’actualité qui propose un peu tout et n’importe quoi), et justement cet art de transformation cœur / corps / esprit.

 

En  pratique, les āsana en Ayuddha se traduisent par un yoga structural. Chacun des āsana ne vont pas dans n’importe quel sens. Une construction posturale très précise et précédé d’une géométrie rigoureuse afin de permettre une possible progression. Sera également donné un rythme, une cadence afin de construire la musculature profonde, (physiquement parlant) but ultime si l’on souhaite s’affranchir de l’histoire tensionnelle que nous n’avons cessé de construire depuis la plus tendre enfance.

 

Accéder à la musculature profonde relève d’une politique diamétralement opposé à celle d’une gymnastique posturale où l’objectif, n’est pas de nettoyer les muscles de l’histoire (nous dirions en yoga, le karma). Pour mémoire, rappelons que le but premier du Yoga est de mettre fin aux fluctuations de Citta – mental. Citta est une conscience, comme aussi l’inconscient. Du lieu du Yoga, le corps et l’esprit ne sont guère séparables. Ce sont deux lectures possibles d’une même manifestation. Donc Citta s’inscrit dans la musculature sous forme de tension et tant qu’elles seront là, il sera difficile de trouver la paix.

Initialement ‘‘faire du yoga’’ est une totale ineptie. Faire du yoga reviendrait à faire une gymnastique, donc à générer une gestuelle génératrice de tension. Certes la Gymnastique n’est pas inintéressante, mais ce n’est pas du Yoga, ce serai plutôt un contre-yoga. Il y a une différence magistrale entre faire du yoga et être un yogi.

 

C’est justement cet Art , cette subtilité qu'apporte l'Ayuddha qui est proposé à l’Atelier du Yoga de Millau et que Marie-Lise Costecalde a en charge d'enseigner et de continuer à développer.